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16 juin 2020

Curia artis

Maintenant que le « déconfinement » de la société en bien engagée, quoique nettement moins bien dans le secteur culturel, la curiosité m’a conduit à aller voir ce qui se passe (ou non) dans les musées montréalais. Sur le site du McCord, j’ai pu voir ceci sur un fond noir ( of course…) :  « Un appui au mouvement Black Lives Matter ». Bon, ça commence bien! Pour le Musée des beaux-arts et le Musée d'art contemporain, c’est plus discret, tout au plus des mots-codes, tels inclusif et diversité. Par contre, sur le site du Centre canadien d’architecture, j’ai trouvé un éditorial pontifiant de la nouvelle directrice, Giovanna Borasi, dont voici quelques pépites édifiantes :


« Il est urgent de mettre fin à l’oppression systémique dont souffrent les communautés noires. (…) y compris la violence qui touche les peuples autochtones du Canada, (…) témoignent à la fois de l’omniprésence du racisme et du pouvoir transformatif qu’a l’action collective. (…) notre responsabilité dans la construction d’un discours qui n’a pas abordé de manière adéquate les questions de race et de justice que nous nous posons aujourd’hui. (…) nous allons nous pencher plus directement sur les façons dont l’architecture perpétue les inégalités systémiques et le racisme (…) nous devons examiner et mettre en lumière comment des siècles de colonialisme, de nationalisme et de préjugés économiques et raciaux façonnent ce qui est étudié, reconnu et exprimé. Cela exige de complexifier davantage notre collection et d’inclure plus d’histoires non blanches et non-occidentales afin de créer des espaces et des ressources pour les voix sous-représentées, tant historiques que contemporaines. » 

   ( pour le texte complet, cf. : https://www.cca.qc.ca/fr/ )


A priori, je n’ai rien contre l’antiracisme ou l’ouverture à la diversité. Ne suis-je pas moi aussi un « diversitaire » ? Mais à lire le texte de Mme Borasi et en réfléchissant à mon expérience récente, je me demande si nous n’avons pas affaire au sein de nos institutions culturelles à une caste intellectuelle et bureaucratique, bien pensante, qui nous dicte comment penser et se montre peu disposée à la critique de ceux qui n’applaudissent pas à leur mot d’ordre. À cette curia artis.